Un vent lointain soufflant des côtes sud du Pacifique de Colombie comme un accent de vie et de joie pure distillée en musique. Voici l’achimie parfaite de cet orchestre de dix membres mixte, au féminin et au masculin, soudés au Nigéria par le legs de deux de ses pionniers : le père de l’afrobeat Fela Kuti et l’éternel batteur, auteur-compositeur nigérian Tony Allen. Provenant de San Andrés de Tumaco dite la « la perle du Pacifique », Bejuco concocte une envolée de mélodies pour bouger et célébrer comme le fait le peuple colombien. Une rythmique afro-colombienne dansante, un groove retentissant qui happe tout les sens et dévie la mélancolie.
Remarquables disciples du high-life mixé à une pop ravageuse, au reggae et au hip-hop, les membre de Bejuco font naître sous leurs doigts de génie toute une variété sonore. On leur attribue le génie de créer la tonalité de la mer océanique par leurs chansons. La force de la vague certes, mais dans un format Bejuco, se plaît à définir Cankita, l’un des piliers du groupe.
Actif depuis 2015, l’ensemble fut initialement un laboratoire musical pour le courant marimba et un terreau populaire de mélodies. Ces airs que le peuple colombien des mangroves connaît par coeur…
La philosophie Bejuco réside dans un exercice de symbiose de chacun de ces dix doigts. Et de leur envie de jouer ensemble avec délice pour atteindre un firmament créateur à bout de force, à la manière d’un plat typique de leur région : le puzando. Depuis 2020, leur influence outrepasse leur Colombie adorée grâce à leur fraternité et leur virtuosité collective. Leur album Batea en est un reflet juste, la consécration d’un volcan rougeaoyant de ses racines vives à jamais incandescentes. 100 jeunes doigts entremêlés autour de ce plateau tout de bois qu’est le “batea“, un symbole de résistance et d’union.