BIOGRAPHIE
En quelques secondes d’écoute, on perçoit le Brésil actuel et futur. C’est la sonorité de sa “Gourde d’eau” (Cabaça d’água), album louangé en 2017. Avec ce prix d’exception de meilleur album raflé à la cérémonie des 28e prix de la musique brésilienne, l’artiste accompli baigne dans la béatitude. Son cheminement de 25 ans dans le circuit musical en fait un poids lourd, une référence. Sa mine sympathique le rend attachant comme un bon ami, un voisin avec qui l’échange est naturel. Combinant tous les attributs, presque homme d’orchestre, Alberto Salgado chante sa joie d’exister et produit des pièces qui s’apprécient dans leurs diverses textures. Un effet gâteau aux couches moelleuses et aériennes dans ses moindres formes. Une voie d’évacuation à tout stress ambiant, voilà la magie opérant autour de cette figure représentative du Brésil en chansons sincères.
L’originalité du musicien et compositeur provient du goût insatiable qu’il nourrit pour les nouvelles formes. Jamais sur sa faim, il réinvente l’agencement instrumental pour raconter avec ses acolytes des “Histoires de vent” (Histórias do Vento). Sa force d’évocation en notes est un voyage en soi qu’il ne faut rater à aucun prix ! Salgado puise dans l’expérimental une matière condensée pour s’exprimer sans tomber dans le cafouillis. Au contraire, il agence la nouveauté et l’inédit en un collier de perles de chants. Tourné vers les vastes influences qui définissent les peuples du Brésil – l’Afrique et l’Amérique latine – il s’en fait un ambassadeur humble transformant avec d’autres compatriotes dont Arnaldo Antunes, Chico César, Arthur Maia des airs mémorables et touchants sur ses deux albums. La samba et l’ijexá – cette forme rythmique issue de rituels – ne sont que la pointe de l’iceberg dressé dans la virtuosité de Salgado. Une voix limpide aux variations de l’émotion pour toucher tout être, toute culture. L’expression d’un goût pour l’autre dans la plus pure tradition de l’âme du Brésil.